Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/696

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il fut nommé au Directoire ; ce ne peut être que par une de ces bizarreries attachées aux grandes assemblées. Il était de peu d’esprit, de peu d’instruction, et d’un petit caractère. Il y avait à la Convention cinq cents députés qui lui étaient préférables. Du reste, il était probe et honnête homme ; il sortit pauvre du Directoire.

« Le Tourneur se rendit la fable et la risée de Paris. Il vint, dit-on, de son département, prendre possession au Directoire, dans un chariot, avec sa gouvernante, ses ustensiles de cuisine, sa basse-cour. Les mauvais plaisants de la capitale l’ajustèrent, et il fut aussitôt noyé. On le faisait revenir du jardin des Plantes, où il était accouru tout d’abord, et raconter ce qu’il y avait trouvé de rare ; et, comme on lui demandait s’il y avait vu Lacépède, il s’étonnait fort de l’avoir passée, assurant qu’on ne lui avait montré que la Girafe[1].

« À peine le Directoire fut établi, qu’il se compromit à tous les yeux par de grands travers d’esprit, de mœurs et de combinaisons. Ce ne furent que fautes et absurdités ; il se trouva discrédité, perdu, au moment même de son apparition. Les directeurs, étourdis de leur éléva-

  1. On m’a dit plus tard qu’une partie de ces quolibets étaient étrangers à Le Tourneur, et ne devaient regarder que Letourneux, ministre vers ces temps-là.