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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/77

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le régiment, avaient cabriolet ou voiture, et c’étaient de grands seigneurs. Sorbier était l’un de ces deux ; il était fils d’un médecin de Moulins.

Napoléon, à Valence, fut admis de bonne heure chez madame du Colombier : c’était une femme de cinquante ans, du plus rare mérite ; elle gouvernait la ville, et s’engoua fort, dès l’instant, du jeune officier d’artillerie : elle le faisait inviter à toutes les parties de la ville et de la campagne ; elle l’introduisit dans l’intimité d’un abbé de Saint-Rufe, riche et d’un certain âge, qui réunissait souvent ce qu’il y avait de plus distingué dans le pays. Napoléon devait sa faveur et la prédilection de madame du Colombier à son extrême instruction, à la facilité, à la force, à la clarté avec laquelle il en faisait usage ; cette dame lui prédisait souvent un grand avenir. À sa mort, la révolution était commencée ; elle y avait pris beaucoup d’intérêt ; et, dans un de ses derniers moments, on lui a entendu dire que, s’il n’arrivait pas malheur au jeune Napoléon, il y jouerait infailliblement un grand rôle. L’Empereur n’en parle qu’avec une tendre reconnaissance, n’hésitant pas à croire que les relations distinguées, la situation supérieure dans laquelle cette dame le plaça si jeune dans la société, peuvent avoir grandement influé sur les destinées de sa vie.

Napoléon prit du goût pour mademoiselle du Colombier, qui n’y fut