Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/792

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tait foulé le pied assez fortement pour être condamné à un mois de chaise longue.

L’Empereur a daigné entrer dans ma chambre, sur les onze heures, pour connaître la situation de mon fils, dont il a fort grondé la maladresse. Je l’ai suivi dans le jardin.

La conversation est tombée sur le pillage des armées et les horreurs qu’il entraîne.

Pavie, disait l’Empereur, était la seule place qu’il eût jamais livrée au pillage : il l’avait promis, à ses soldats pour vingt-quatre heures ; mais au bout de trois il n’y put tenir davantage, et le fit cesser. « Je n’avais que douze cents hommes, disait-il ; les cris de la population, qui parvenaient jusqu’à moi, l’emportèrent. S’il y eût eu vingt mille soldats, c’eût été eux dont la masse, au contraire, eût étouffé les plaintes de la population ; il ne serait rien parvenu jusqu’à moi. Du reste, continuait-il, heureusement la politique est parfaitement d’accord avec la morale pour s’opposer au pillage. J’ai beaucoup médité sur cet objet ; on m’a mis souvent dans le cas d’en gratifier mes sol-