Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/89

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patriotisme a rayé tout cela. Mais, pendant le colloque, une frégate anglaise vient à lâcher une bordée, et tous les bravaches de s’enfuir. Alors ce ne fut plus qu’un cri contre eux dans le camp ; les uns disparurent, le reste se fondit modestement dans les derniers rangs.

Le commandant d’artillerie était à tout et partout. Son activité, son caractère, lui avaient créé une influence positive sur le reste de l’armée. Toutes les fois que l’ennemi tentait quelques sorties ou forçait les assiégeants à quelques mouvements rapides et inopinés, les chefs des colonnes et des détachements n’avaient tous qu’une même parole : « Courez au commandant de l’artillerie, disait-on, demandez-lui ce qu’il faut faire ; il connaît mieux les localités que personne. » Et cela s’exécutait sans qu’aucun s’en plaignît. Du reste, il ne s’épargnait point ; il eut plusieurs chevaux tués sous lui, et reçut d’un Anglais un coup de baïonnette à la cuisse gauche ; blessure grave qui le menaça quelques instants de l’amputation.

Étant un jour dans une batterie où un des chargeurs est tué, il prend le refouloir, et charge lui-même dix à douze coups. À quelques jours de là, il se trouve couvert d’une gale très maligne ; on cherche où elle peut