à la barre de la Convention, pour avoir proposé quelques mesures militaires relatives aux fortifications à Marseille.
Dans cette armée de Nice ou d’Italie, il enthousiasma fort le représentant Robespierre le jeune, auquel il donne des qualités bien différentes de celles de son frère, qu’il n’a du reste jamais vu. Ce Robespierre jeune, rappelé à Paris, quelque temps avant le 9 thermidor, par son frère, fit tout au monde pour décider Napoléon à le suivre. « Si je n’eusse inflexiblement refusé, observait-il, sait-on où pouvait me conduire un premier pas, et quelles autres destinées m’attendaient ? »
Il y avait aussi à l’armée de Nice un autre représentant assez insignifiant. Sa femme, extrêmement jolie, fort aimable, partageait et parfois dirigeait sa mission ; elle était de Versailles. Le ménage faisait le plus grand cas du général d’artillerie ; il s’en était tout à fait engoué, et le traitait au mieux sous tous les rapports. « Ce qui était un avantage immense, observait Napoléon ; car, dans ce temps de l’absence des lois ou de leur improvisation, disait-il, un représentant du peuple était une véritable puissance. » Celui-ci fut un de ceux qui, dans la Convention, contribuèrent le plus à faire jeter les yeux sur Napoléon, lors de la crise de vendémiaire ; ce qui n’était qu’une suite naturelle des hautes impressions que lui avaient laissées le caractère et la capacité du jeune général.
L’Empereur racontait que, devenu souverain, il revit un jour la belle représentante de Nice, d’ancienne et douce connaissance. Elle était bien changée, à peine reconnaissable, veuve, et tombée dans une extrême misère. L’Empereur se plut à faire tout ce qu’elle demanda ; il réalisa, dit-il, tous ses rêves, et même au-delà. Bien qu’elle vécût à Versailles, elle avait été nombre d’années avant de pouvoir pénétrer jusqu’à lui. Lettres, pétitions, sollicitations de tous genres, tout avait été inutile ; tant, disait l’Empereur, il est difficile d’arriver au souverain, lors même qu’il ne s’y refuse pas. Encore était-ce lui qui, un jour de chasse à Versailles, était venu à la mentionner par hasard ; et Berthier, de cette ville, ami d’enfance de cette dame, lequel jusque-là n’avait jamais daigné parler d’elle, encore moins de ses sollicitations, fut le lendemain son introducteur. « Mais comment ne vous êtes-vous pas servie de nos connaissances communes de l’armée de Nice pour arriver jusqu’à moi ? lui demandait l’Empereur. Il en est plusieurs qui sont des personnages, et en perpétuel rapport avec moi. – Hélas ! Sire, répondit-elle, nous ne nous sommes plus connus dès qu’ils ont été grands et que je suis devenue malheureuse. »
Les évènements de thermidor ayant amené un changement dans les comités de la Convention, Aubry, ancien capitaine d’artillerie, se trouva