Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/96

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diriger celui de la guerre, et fit un nouveau tableau de l’armée ; il ne s’y oublia pas, il se fit général d’artillerie, et favorisa plusieurs de ses anciens camarades, au détriment de la queue du corps, qu’il réforma. Napoléon, qui avait à peine vingt-cinq ans, devint alors général d’infanterie, et fut désigné pour le service de la Vendée. Cette circonstance lui fit quitter l’armée d’Italie pour aller réclamer avec chaleur contre un pareil changement, qui ne lui convenait sous aucun rapport. Trouvant Aubry inflexible, et qui s’irritait de ses justes réclamations, il donna sa démission. On verra, dans la relation des campagnes d’Italie, comment il fut presque immédiatement employé, lors de l’échec de Kellerman, au comité des opérations militaires, où se préparaient le mouvement des armées et les plans de campagne ; c’est là que vint le prendre le 13 vendémiaire.

Les réclamations auprès d’Aubry furent une véritable scène ; il insistait avec force, parce qu’il avait des faits par-devers lui ; Aubry s’obstinait avec aigreur, parce qu’il avait la puissance : celui-ci disait à Napoléon qu’il était trop jeune, et qu’il fallait laisser passer les anciens ; Napoléon répondait qu’on vieillissait vite sur le champ de bataille, et qu’il en arrivait ; Aubry n’avait jamais vu le feu ; les paroles furent très vives.

On trouvera, dans la relation de la fameuse journée de vendémiaire, si importante dans les destinées de la révolution et dans celles de Napoléon, qu’il balança quelque temps à se charger de la défense de la Convention.