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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/19

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ainsi, la France entière serait bientôt de notre côté, et il ne se trouverait plus personne de punissable au retour, etc.

« Pleuvaient alors, de tous côtés les dénonciations de toutes sortes sur ceux qui arrivaient. Un prince de Saint-Maurice, fils du prince de Montbarey, ne put résister à l’ouragan, bien qu’il eût l’appui formel de tout ce qu’il y avait de distingué, celui du prince même, qui daigna implorer en sa faveur, disant : « Eh ! Messieurs, qui n’a pas ses fautes à se reprocher dans la révolution ! Moi aussi j’ai eu les miennes ; et en les oubliant vous m’avez donné le droit d’intercéder pour d’autres. » M. de Saint-Maurice n’en dut pas moins déguerpir au plus vite : son crime était d’avoir été de la société des amis des noirs, et d’être poursuivi, au milieu de nous, avec acharnement, par un gentilhomme franc-comtois, qui dénonçait M. de Saint-Maurice pour lui avoir fait brûler des châteaux. Or, peu de jours après, il se découvrit que le clabaudeur n’avait pas de château, qu’il n’était pas Franc-Comtois, qu’il n’était point gentilhomme : ce n’était qu’un aventurier.

« M. de Cazalès, qui avait rempli la France et l’Europe de l’éclat de son éloquence et de son courage dans l’Assemblée nationale, avait néanmoins perdu la faveur populaire à Coblentz. Quand il se présenta arrivant de Paris, le bruit courut parmi nous que les princes ne le recevraient pas, ou le recevraient mal. Nous nous réunîmes quatre-vingts Languedociens pour lui servir d’escorte, en dépit de lui-même. M. de