Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/610

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est de 295 livres sterling.) Il a demandé des détails sur l’emploi qu’on projette en faire. Sur les 295 livres sterling, il ne resterait que fort peu de chose de disponible, parce qu’il est dû 85 livres à Marchand, 45 livres à Cipriani, 76 livres à Gentilini ; cet argent avait été avancé par eux pour achat d’aliments, avant la dernière vente de l’argenterie. Il était dû aussi 70 livres sterling à M. Balcombe, 10 livres à Le Sage, et 20 livres à Archambaud pour achat de volailles.

Hudson Lowe a fait diminuer derechef la provision de vin et de viande.

En revenant à Longwood, j’ai rencontré sir Hudson Lowe à cheval. Je me suis approché de lui, alors il m’a dit avec une sorte de joie. « Vous trouverez votre ami Las Cases en bonnes mains. » En effet, quelques minutes après, je vis le comte qui se rendait à Hut’s-Gate sous la surveillance de l’aide de camp Prichard. Voici ce qui était arrivé. vers les trois heures environ, Hudson Lowe entra à Longwood, accompagné de sir Reade, du major Gorrequer et de trois dragons. Quelques instants après arrivèrent le capitaine Blakency et l’intendant de la police. Après avoir ordonné à un détachement commandé par un caporal, de les suivre, ces messieurs, à l’exception d’Hudson Lowe et de Gorrequer, se rendirent chez le capitaine Poppleton. Sir Thomas lui dit d’envoyer chercher M. de Las Cases, dans ce moment près de Napoléon. De Las Cases sortit pour se rendre chez lui ; il fut arrêté par Reade et l’intendant de la police. Ses effets et hardes furent saisis. Son fils cacheta, avec un grand soin, ses papiers, puis se rendit à Hut’s Gate sous la surveillance d’un officier du 66e régiment qui ne devait lui permettre de voir qu’Hudson Lowe et son état-major. Une lettre écrite sur de la soie, et remise par le comte de Las Cases, à son domestique Scott pour la porter en Angleterre, était le motif de cette arrestation. Le père de Scott, instruit de cette commission par son fils, le conduisit chez un M. Baker et chez le gouverneur qui le fit mettre en prison après l’avoir interrogé.

Le soir, je vis Napoléon. Il paraissait ignorer les intentions qu’avait eues M. de Las Cases.

« Las Cases est un honnête homme, et il m’est trop tendrement attaché pour nous avoir compromis dans quelque entreprise hasardeuse. Je suis convaincu que cette arrestation est un effet de la capricieuse tyrannie du gouverneur. Las Cases écrivait peut-être à son « banquier à Londres, car il a placé 4 ou 5.000 livres sterling, et était dans l’intention de les retirer pour venir à mon secours ; seulement