Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/77

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« Ainsi, en quatre jours de combats et de manœuvres, sont accomplies les destinées de l’armée autrichienne, de cette armée si arrogante, si nombreuse, la plus belle qu’eût jamais mise sur pied la maison d’Autriche ! Par ses premières dispositions Napoléon a organisé le plan de sa grande bataille ; il a assuré la défense de ses postes, fait reconnaître le terrain pour une bataille en avant d’Augsbourg, dans la direction par laquelle l’ennemi semblait devoir s’avancer. Il a rectifié les fausses dispositions de Berthier, ramassé ses forces aux ailes, laissant libre le terrain où il voulait attirer l’ennemi. Il l’y a amené peu à peu, tout en prenant ses mesures pour le battre ensuite de quelque côté qu’il se tournât. Le 17 à midi, Napoléon arrive à l’armée ; le 18, il donne ses ordres, et annonce que dans trois jours tout doit être fini ; si sa prédiction éprouve un retard de quelques heures, c’est que sa jeune armée, composée en grande partie de conscrits, n’a pas cette vigueur des troupes d’Austerlitz et de Iéna. Le 19, commence l’exécution de ce plan dont on est obligé de reconnaître les fondements dans les premières dispositions des mois précédents ; la jonction de l’armée s’opère sous le canon de l’archiduc. Le 20, Napoléon rompt à Abensberg la ligne de l’ennemi et sépare totalement la gauche du centre. Le 21, il détruit à Landshut cette gauche, s’empare des magasins, du parc, de tous les équipages et des communications de la grande armée ennemie. Le 22, il revient à Eckmülh porter les derniers coups à l’armée de l’archiduc, dont les débris se sauvent honteusement au travers de Ratisbonne et des montagnes de la Bohême.