Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/114

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annuellement en réserve, mais si je fais ce que faisaient nos paysans il y a peu de temps, si je le mets dans des pots pour amasser un trésor, est-ce un capital ou non ? Si c’est un capital, votre définition, qu’une somme d’argent ne constitue jamais un capital, est fausse ; si ce n’est pas un capital, votre définition, que le capital est la partie de notre fortune mise en réserve pour notre existence future, est encore fausse.

Je vous fais grâce d’une douzaine d’autres contradictions, et je poursuis vos considérations sur l’idée du capital (page 22) :

« Partant de ce point de vue qui embrasse tout, — notamment du point de vue que le capital n’est que ce qui est accumulé pour une utilisation future, durable, — ce ne sont pas seulement les biens palpables, les choses matérielles, physiques, qui seront comptés comme capitaux, mais même les connaissances, l’expérience, l’habileté, la force de volonté, l’esprit d’entreprise et d’autres talents et avantages intellectuels et physiques, acquis ou développés par quelqu’un, par l’exercice et des efforts constants, et qui lui seront utiles pour la durée de son existence et dans son métier, toutes ces choses sont, dans un certain sens, du domaine du capital, parce qu’elles ne s’épuisent pas dans un usage momentané, mais concourent essentiellement à la satisfaction des besoins futurs. Il en est de même d’une grande découverte ou d’une invention, des résultats d’une expérience et de recherches pénibles, puisqu’elles prolongent leur effet bien avant dans l’avenir, et que, convenablement exploitées, elles procurent, à leur propriétaire, un revenu. »

Avec quelle générosité, vraiment royale, vous gratifiez le monde d’une masse de nouveaux capitaux[1], dont l’économie politique n’a rien su jus-

  1. Ces nouveaux capitaux, aussi souvent qu’on a essayé de les introduire dans l’économie, en ont toujours été rejetés par