Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/116

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vocation, ne s’épuisant pas dans un emploi momentané, mais lui assurant réellement, comme salaire du travail, un revenu constant ? Ainsi, embrassez-vous, millions d’hommes ! le grand lien fraternel est enfin formé ; nous sommes tous des capitalistes, les uns un peu plus, les autres un peu moins. Le salaire du travail, comme les dividendes des actions du chemin de fer de Cologne-Minden, tout est revenu du capital ! Comme la nuit tous les chats sont gris, de même, dans la nuit de votre ignorance, ô Schulze ! s’effacent toutes les distinctions, toutes les catégories économiques !

Ainsi, la discorde a disparu, la question sociale est résolue et il ne nous reste qu’à entonner l’hosanna. Et tout cela, c’est votre mérite, à vous, grand sauveur de l’humanité !

Mais, si les connaissances et les avantages du domaine purement intellectuel ne sont pas des capitaux, objectez-vous, au moins les grandes découvertes et les inventions du domaine matériel, technique, etc., le sont ? Les uns aussi peu que les autres, monsieur Schulze.

Une grande découverte et une invention peuvent être très avantageusement exploitées par un capitaliste, mais elles-mêmes, — vous vous rappelez, peut-être, le sort de Fulton, le grand inventeur de la navigation à vapeur, qui périt à cause de sa découverte, celui de Hargreave, l’inventeur de la Spinning-Jenny, qui mourut dans la plus affreuse misère, et celui d’une longue suite d’hommes que j’aurais pu vous énumérer ici, — elles sont aussi peu un capital qu’une idée philosophique de Hegel, ou que le génie poétique de Goethe.

Si vous appelez capital une chose parce qu’elle prolonge son effet bien avant dans l’avenir et que, dûment exploitée, elle assure à son possesseur un re-