Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/118

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donc naître que quand quelqu’un n’emploie pas tout le produit net de son travail, tout son revenu, en dépenses improductives. Mais c’est là, justement, toute la question. Il s’agit de savoir si jusqu’à présent, sous le règne du capital, le produit net du travail et le revenu de n’importe qui coïncident, en d’autres termes, s’ils sont identiques ; si réellement le revenu que quelqu’un touche aujourd’hui est le produit net de son travail ou s’il est le produit du travail d’autrui ? C’est justement ce qui forme aujourd’hui le point de controverse dans tous les débats sur le capital !

Avec une adresse sans pareille, en jouant, — on n’est pas sorcier pour jouer l’adresse, — vous videz le différend en associant simplement les mots tout le produit net de son travail et tout son revenu, en les collant l’un à côté de l’autre ! Ainsi ce qui était encore à démontrer est déjà admis, et par cette admission d’une chose qui était à démontrer vous considérez le tout comme démontré, et pour vous le débat est clos !

Comprenez donc, monsieur Schulze, que l’intérêt principal se concentre justement sur cette question.

Tant que nous avons existé tous les deux, j’ai pris sur moi, suivant votre expression (p. 29) la peine et la privation d’épargner le produit de votre travail, de ne pas le dépenser, de le laisser s’accumuler, et si je vous demandais aujourd’hui de me céder ce produit de votre travail, ou seulement les intérêts parce que je les ai épargnés ?

Vous comprendrez alors, monsieur Schulze, combien ce point est essentiellement important pour votre explication de l’origine du capital. Car, si vous deviez dire aux travailleurs : « Le capital se forme quand quelqu’un épargne le produit du travail d’autrui, ne l’emploie pas à ses besoins du moment »,