Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais cet argument doit paraître très amusant à tous ceux qui connaissent les choses sous leur vrai jour et savent que les ateliers nationaux 1o ne furent pas fondés par Louis Blanc, mais par ses ennemis, les adversaires les plus acharnés du socialisme dans le gouvernement provisoire, par le ministre des travaux publics Marie et d’autres qui formaient la majorité dans le gouvernement provisoire ; 2o qu’ils furent fondés expressément contre Louis Blanc, pour pouvoir opposer à son parti composé des travailleurs socialistes, pendant les élections et dans d’autres occasions encore plus décisives, une armés de travailleurs payés appartenant au parti de la majorité du gouvernement ; 3o que, ne voulant pas faire concurrence à l’industrie privée, on ne faisait accomplir dans ces ateliers nationaux que des travaux improductifs et qui, en général, ne devaient servir qu’à faire avoir aux travailleurs sans pain l’aumône des deniers publics, et les soustraire aux dangers de l’oisiveté en leur faisant exécuter des travaux inféconds.

Combien cet argument victorieux, qui a retenti dans toute l’Allemagne, ne doit-il pas paraître amusant, disions-nous, à tous ceux qui connaissent les faits ! Amusant, oui, mais aussi triste et décourageant ! Car il montre en même temps qu’avec l’opinion publique, le mensonge et la calomnie publiques sont aussi devenus une puissance en Europe. En 1848, au temps de la lutte la plus violente des partis, des feuilles françaises lancèrent contre Louis Blanc l’accusation calomnieuse d’avoir organisé d’après ses principes les ateliers nationaux ! En vain Louis Blanc se récria du haut de la tribune de l’Assemblée nationale et se confondit en protestations contre cette calomnies ! On ne le crut pas alors !