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Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/326

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C’est exactement et littéralement la même chose que j’ai dite, et M. le professeur laisse seulement irrésolue la question, si cet accroissement du nombre des ouvriers doit ordinairement avoir lieu bientôt et il laisse supposer que ce n’est pas le cas.

Mais ce n’est que le journaliste Rau qui fait semblant de l’ignorer ; le professeur Rau le sait très bien : car voici sa réponse textuelle sur les deux points tirée de son livre, § 196, p. 251 :

« Un salaire plus abondant donne à chaque travailleur les moyens d’améliorer sa vie ou de se marier, et de fonder une nouvelle famille qui sert à l’accroissement de la population. Les agréments de la vie domestique sont si attrayants, qu’en suite d’un salaire élevé, la plupart des travailleurs sont portés à se marier plus tôt qu’à l’ordinaire. Cette circonstance et les immigrations produisent ordinairement un accroissement si considérable de population que l’offre de travail s’agrandit, et si l’accroissement des capitaux n’a pas lieu avec la même vitesse, le salaire retombe inévitablement de sa hauteur. En effet, ordinairement les occasions pour l’accumulation de nouveaux capitaux ne sont pas tellement favorables, et les motifs qui poussent à l’épargne pas assez puissants pour que la totalité des capitaux soit capable d’un accroissement si rapide que celui de la population. Les capitaux restant en arrière sont un obstacle à l’accroissement ultérieur de la population, et c’est pourquoi ordinairement l’offre de travail manuel ordinaire relativement à la demande est telle, que le salaire ne donne que l’entretien indispensable ou un peu plus au delà. »

Le professeur Rau dit donc littéralement la même chose que moi, oui, dans les livres, dans les œuvres savantes ! Quant au peuple — il n’en doit rien savoir ! Devant le peuple, il fait semblant de