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Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/151

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nus uniquement de la propriété foncière leur paraissait seul honorable.

Ces quatre faits importants, déterminants, fixant le caractère fondamental d’une époque, suffisent complètement pour nous montrer que dans cette période c’était la propriété foncière qui imprimait partout sa marque et formait le principe dominant.

C’était si bien le cas que même le mouvement de la guerre des paysans, en apparence complètement révolutionnaire, et qui éclata en 1524 en Allemagne, embrassant toute la Souabe, la Franconie, l’Alsace, la Westphalie et d’autres parties du pays, s’appuyait encore au fond entièrement sur ce principe, était par suite un mouvement réactionnaire malgré son allure révolutionnaire. Vous savez, Messieurs, qu’alors les paysans brûlèrent les châteaux des nobles, tuèrent les seigneurs, les firent passer par les piques comme c’était alors la coutume. Et néanmoins, malgré ces dehors très révolutionnaires, le mouvement était au fond réactionnaire.

En effet, la renaissance des rapports publics, la liberté allemande que les paysans voulaient rétablir, consistaient d’après eux en ceci : ils demandaient la suppression de la situation intermédiaire, spéciale, privilégiée qu’occupaient les princes entre l’empereur et l’empire ; ils voulaient que la propriété foncière indépendante et libre eût exclusivement voix aux diètes, que la propriété paysanne et la propriété des chevaliers, qui jusqu’alors n’y étaient pas représentées, que la propriété libre, indépendante des nobles de toute espèce, des chevaliers, des comtes et des princes sans qu’on attachât d’importance aux distinctions antérieures, que la propriété noble, comme la propriété paysanne y fussent représentées.