Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/163

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modes de production et des richesses qu’elle renfermait dans son sein et accumulait journellement, en présence de l’immense influence que ce développement exerçait sur toute la population et sur ses rapports ainsi que sur la noblesse en grande partie appauvrie, elle devait tomber dans une situation inférieure.

La révolution avait donc pénétré déjà à l’intérieur de la société, dans les rapports matériels de celle-ci, bien avant qu’elle n’éclatât en France, et il ne s’agissait plus que de la reconnaître publiquement et de lui donner la sanction juridique.

C’est en général, Messieurs, le cas dans toutes les révolutions. On ne peut jamais faire une révolution. On ne peut jamais que reconnaître publiquement, juridiquement, mener logiquement à bonne fin une révolution qui à déjà pénétré dans les rapports matériels d’une société.

Vouloir faire une révolution, voilà en quoi consiste la folie d’esprits peu mûrs, qui n’ont aucune notion des lois historiques.

Aussi est-il tout aussi naïf, tout aussi enfantin de la vouloir endiguer, de s’opposer à la reconnaissance juridique d’une révolution qui s’est déjà accomplie dans les entrailles d’une société, que de reprocher à une semblable société, ou aux individus qui prennent part à ce travail d’accouchement d’être révolutionnaires. Si la révolution est dans la société, a pénétré ses rapports réels, il lui faut aboutir, sans que rien puisse y faire, et passer dans la législation.

Vous verrez le mieux du monde dans un fait que je veux encore rappeler comment la chose se passe et comment elle s’est déjà passée à l’époque dont je vous parle.