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Je vous ai déjà fait mention de la division du travail, dont le développement consiste à décomposer toute production en une série d’opérations très simples, mécaniques, n’exigeant pas d’intelligence.

À mesure que cette division progresse, on découvre à la fin que ces opérations isolées, puisqu’elles sont simples et n’exigent pas le concours de l’intelligence, peuvent être tout aussi bien et même mieux accomplies par des facteurs non pourvus d’intelligence, et c’est ainsi qu’en 1775, c’est-à-dire 14 ans avant la Révolution Française, Arkwright découvre en Angleterre la première machine, sa célèbre machine à filer le coton.

On peut dire qu’en soi et pour soi cette machine n’a pas amené la révolution ; cette invention qui, d’ailleurs n’a pas été immédiatement introduite en France, s’est produite trop peu de temps auparavant, mais elle donnait un corps à cette révolution déjà réellement survenue, déjà accomplie. Cette machine, quelqu’innocente qu’elle parût, était déjà elle-même la révolution devenue vivante.

Les raisons de cette opinion sont très simples.

Vous devez avoir entendu parler du régime des corporations, qui embrassait la production du Moyen âge.

Je ne puis m’étendre davantage ni sur ce qu’étaient les corporations médiévales ni sur la libre concurrence qui prit partout leur place depuis la Révolution Française. Je ne puis que vous affirmer le fait que le régime des corporations était invinciblement lié aux autres institutions médiévales. Si je ne puis aujourd’hui vous expliquer les raisons de ces liens indissolubles, le fait peut cependant vous être prouvé historiquement. Les corporations ont duré pendant tout le moyen âge