Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/166

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En effet, comment eût été possible la production au moyen de machines sous le régime des corporations, où le nombre des compagnons et des apprentis que pouvait avoir un maître était légalement fixé. Ou bien encore, comment sous le régime des corporations, dans lequel chacune des différentes branches de métier était légalement délimitée de la façon la plus exacte, où chaque maître ne devait en exercer qu’une, si bien que des procès durant plus de cent ans s’élevèrent entre les tailleurs de Paris et les ravaudeurs, entre les cloutiers et les serruriers pour établir les limites qui séparaient leurs industries — comment, sous ce régime des corporations, la production eût-elle pu être possible avec un système de machines qui exige la réunion des genres de travail les plus divers entre les mains d’un seul et même capital.

On en était donc arrivé à ce point que la production même avait, grâce à son perfectionnement constant, créé des instruments de production qui devaient ruiner le présent état de choses, instruments et modes de production qui, dans cet état, ne pouvaient trouver aucune place, aucune possibilité de développement.

C’est en ce sens que je disais que la première machine était en soi et pour soi une révolution, car dans ses peignes et dans ses roues, si peu d’ailleurs qu’une étude superficielle pût le laisser entrevoir, elle contenait déjà en puissance tout un nouvel état de société, basé sur la libre concurrence, qui devait sortir de ce germe avec cette force et cette nécessité que possède la vie.

Et, si je ne me trompe trop, Messieurs, il doit en être de même aujourd’hui : il existe, en effet, déjà plusieurs