Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/169

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Il est vrai que l’on écrit déjà, tout au début du mouvement en avril 1789, à l’occasion des élections aux États généraux convoqués par le roi avec cette disposition que le Tiers-État devait cette fois envoyer à lui seul autant de représentants que la noblesse et le clergé pris ensemble, il est vrai que l’on écrit déjà ce qui suit dans une feuille nullement révolutionnaire[1] : « qui peut nous dire si le despotisme de la bourgeoisie ne succédera pas à la prétendue aristocratie de la noblesse ? »

Mais des cris semblables passèrent complètement inaperçus dans l’enthousiasme général qui régnait alors.

Il nous faut néanmoins revenir à la question ; il nous faut la poser d’une façon précise : la cause du Tiers-État était-elle réellement la cause de toute l’humanité ou bien ce Tiers-État, la Bourgeoisie, portait-elle dans son sein un Quatrième État, dont elle voulait se séparer légalement et qu’elle voulait soumettre à sa domination ?

Il est temps, Messieurs, si je ne veux pas courir le danger de faire naître par ma conférence de grands malentendus, de m’expliquer sur la signification du terme bourgeoisie, grande bourgeoisie, considéré comme désignation de parti, sur la signification que le mot bourgeoisie a dans ma bouche.

En allemand il faudrait traduire le mot : bourgeoisie par Bürgerthum. Mais ce n’est pas cette signification que ce terme a chez moi. Nous sommes tous citoyens (Bürger), l’ouvrier, le petit bourgeois, le grand bourgeois, etc. Le mot « bourgeoisie » a particulièrement

  1. L’Ami du roi, Cf. Buchez et Roux, Hist. parlement., T. I, p.310.