Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/170

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pris au cours de l’histoire une signification telle qu’il désigne une tendance politique bien déterminée, que je veux exposer de suite.

Toute la classe bourgeoise, non noble, se divisait, quand se produisit la Révolution française, et se divise encore en somme en deux sous-classes. D’abord, la classe de ceux qui tirent de leur travail tout leur revenu ou sa majeure partie ; ils ne s’appuient sur aucun capital ou sur un capital modeste, qui leur fournit le moyen d’exercer une activité productive susceptible de les nourrir, eux et leur famille. À cette classe appartiennent donc les ouvriers, les petits bourgeois, les artisans et tous les paysans. En second lieu, la classe de ceux qui disposent d’une grande propriété bourgeoise, d’un gros capital et qui produisent sur la base de ce gros capital ou en tirent des rentes. On pourrait appeler cette classe la grande bourgeoisie. Mais un membre de cette classe lui-même n’est pas pour cela, Messieurs, un bourgeois en soi et pour soi.

Nul roturier ne trouve à redire si un noble dans sa chambre se glorifie de ses ancêtres et de ses terres. Mais si ce noble veut faire de ses ancêtres et de ses terres la condition d’une valeur et d’un droit spécial dans l’État, la condition d’une autorité exercée sur la volonté publique, — la colère du roturier contre le noble commence à s’élever et il appelle ce dernier un féodal.

Cela correspond exactement aux différences réelles de propriété existant au sein du monde bourgeois.

Qu’un membre de la grande bourgeoisie se réjouisse du grand charme, du grand avantage qu’implique pour son possesseur une grande propriété bourgeoise, —