Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien de plus simple, rien de plus naturel, rien de plus légitime.

Si justifiés que soient l’ouvrier et le petit bourgeois, en un mot toute la classe ne possédant pas de capital, à demander à l’État de tendre de tous ses efforts à améliorer la situation matérielle misérable des classes laborieuses : leurs mains produisent toutes les richesses dont fait parade notre civilisation, c’est à leurs mains que tous les produits doivent leur naissance, sans elles toute la civilisation ne pourrait exister un seul jour, — si justifiées que soient ces classes à demander que l’État leur procure un revenu assuré et plus abondant, et par là même la possibilité d’une culture intellectuelle ainsi qu’une existence vraiment digne d’un homme, — si justifiées, disais-je donc, que les classes laborieuses soient à exiger tout cela de l’État et à le poser comme le but véritable auquel il doit tendre, cependant l’ouvrier ne doit jamais oublier et n’oubliera jamais que toute la propriété légalement acquise demeure parfaitement intangible et légitime.

Mais si le membre de la grande bourgeoisie, ne se contentant pas du charme réel qu’offre une grande propriété, veut faire de la propriété bourgeoise, du capital, la condition du pouvoir dans l’État, du droit de participer à la détermination de la volonté publique et du but à poursuivre par l’État, c’est alors que notre homme devient un bourgeois, c’est alors qu’il tire du fait de la propriété la condition juridique du pouvoir politique, c’est alors qu’il prend le caractère d’une nouvelle classe privilégiée dans la nation, qui tient tout autant à imprimer à toutes les institutions sociales la marque de son privilège que l’a fait, comme nous l’avons vu, la