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consommation remédient bien à cet inconvénient. Mais vous verrez en troisième lieu pendant combien de temps cette aide peut persister et quand elle doit cesser. Cette assistance limitée, propre à rendre un peu plus supportable le triste sort du travailleur, ne peut nullement se confondre avec le moyen susceptible d’amener cette amélioration de situation que poursuit la classe ouvrière.

2) La loi d’airain qui, dans les conditions présentes, sous le règne de l’offre et de la demande de travail, détermine le salaire est la suivante : Le salaire moyen reste toujours réduit à la subsistance nécessaire, indispensable d’après les habitudes d’une nation donnée pour entretenir l’existence et la reproduire. Tel est le point autour duquel gravite le salaire réel. Il ne peut jamais s’élever beaucoup au-dessus, ni descendre beaucoup plus bas. Il ne peut s’élever d’une façon durable au-dessus de cette moyenne : en effet la situation plus facile, meilleure, faite au travailleur susciterait aussitôt une augmentation de la population ouvrière, accroîtrait l’offre des bras et ramènerait le salaire à son ancien taux ou à un taux inférieur.

Le salaire ne peut non plus s’abaisser pendant longtemps au-dessous de ce qui est nécessaire à l’entretien de l’existence : en ce cas ne manqueraient pas de sévir l’émigration, le célibat, l’abstention dans la procréation ; bref la misère amènerait une diminution dans le nombre des ouvriers ; l’offre des bras s’en trouverait restreinte et le salaire remonterait à son niveau antérieur.

Le salaire moyen réel gravite donc constamment autour de ce centre auquel il revient fatalement, tantôt s’élevant au-dessus (période de prospérité dans toutes