Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/224

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Eh quoi ! Le principe de l’association individuelle et libre des travailleurs serait-il impuissant à améliorer la situation de la classe ouvrière ?

En aucune façon, mais il ne le peut qu’en s’adaptant, en s’étendant à la grande production.

Faire de la classe ouvrière son propre patron, tel est le moyen, l’unique moyen — et maintenant vous le voyez de vous-mêmes — d’abolir cette loi cruelle, cette loi d’airain qui détermine le salaire.

Que la classe ouvrière devienne son propre entrepreneur, et toute distinction entre salaire et bénéfice d’entreprise disparaît ; le salaire en général s’évanouit purement et simplement ; le produit du travail se substitue à la rémunération du travail.

La classe ouvrière, organisée sur la base de la libre association et devenue son propre entrepreneur, supprime ainsi le bénéfice d’entreprise de la façon la plus pacifique, la plus légale, la plus simple. Par là même, elle abolit cette loi qui, dans le mode de production actuel, fait deux parts du produit du travail : le salaire qui revient à l’ouvrier et se réduit au strict nécessaire, et tout le surplus qui revient à l’entrepreneur. Voilà en quoi consiste la seule amélioration réelle à apporter à la situation de la classe ouvrière, la seule qui réponde à ses justes prétentions, la seule qui ne soit pas illusoire.

Comment ? Jetons un coup d’œil sur les chemins de fer, les fabriques de machines, les ateliers de constructions navales, les filatures de coton, les fabriques de cotonnades, etc., etc. ; considérez les millions nécessaires à ces entreprises, puis examinez l’état de votre bourse. Demandez-vous alors où vous prendrez les