Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/9

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Mais précisément, cette espèce de définition, juridique et extérieure, qui s’applique également à toute feuille de papier signée par une nation ou par une nation et son roi et qu’on déclare être une constitution, nous laisse complètement dans l’ignorance de la question principale, quel que soit d’ailleurs le contenu de cette feuille de papier. Ce n’est que la notion de constitution, et vous vous en convaincrez quand nous l’aurons atteinte, qui est la source de tout art et de toute sagesse constitutionnels ; elles en découlent d’elles-mêmes, comme en se jouant.

Je renouvelle donc ma question : qu’est-ce qu’une constitution ; quelle est la notion, l’essence d’une constitution ?

Pour le savoir, nous allons employer une méthode dont il est toujours bon de se servir quand il s’agit d’atteindre la notion claire d’un objet. Cette méthode est simple, Messieurs ; elle consiste à comparer l’objet dont on cherche la notion avec un autre qui lui est semblable ; puis on s’efforce de discerner clairement et nettement la différence qui sépare ces deux objets.

Employant donc cette méthode, je me demanderai par quoi se distinguent une constitution et une loi. Toutes deux, loi et constitution, ont évidemment une essence commune. Une constitution doit avoir force de loi ; il faut donc qu’elle aussi soit une loi. Mais elle ne doit pas être une simple loi ; elle doit être plus que la loi ; il y a donc évidemment là une différence. Cent faits nous prouveraient qu’une semblable distinction existe et que la constitution n’est pas une simple loi, mais davantage encore.

Ainsi, Messieurs, vous ne vous fâcher pas quand de