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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/132

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


ment l’expansion, sans compter que le spectateur ne perçoit pas les paroles. Il faut affranchir la musique de cette servitude et « purifier » la scène de cette superfluilé oppressive.


Je pense que nous devons d’une façon générale supprimer le chanteur. Car le chanteur dramatique est une monstruosité. Ou bien nous devons le faire passer dans l’orchestre. Il n’a plus le droit d’altérer la musique ; mais il doit agir sous la forme du chœur, par la pleine sonorité de la voix humaine ajoutée à l’orchestre. Donc, rétablir le chœur ; en face de lui, le monde des images, le mime. Les anciens observent le vrai rapport : ce n’est que par une préférence sans mesure accordée à l’apollinien que la tragédie a été ruinée : nous devons revenir au stade pré-eschylien…

S’il n’est pas naturel que le chanteur chante dans l’orchestre et que la scène appartienne au mime, du point de vue de l’art, cela ne répugne pas, tant s’en faut[1].


La voix humaine collaborera de deux façons à l’expression dramatique. Tout d’abord, de tous les instruments c’est elle qui a « la sonorité la plus pleine d’âme ; l’orchestre ne suffit

  1. T. IX, p. 255.