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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


public que tel personnage est en proie à un sentiment belliqueux, qu’une sonnerie de trompette, et qui attache à la fureur, à l’amour, au désespoir, à la rêverie, à la prière, à la pluie et au beau temps, des formules également nécessaires et consacrées.


Le public philistin jouit par tous les pores de cette a musique dramatique » qui a toujours honte d’ellemême, sans rien remarquer de sa honte et de sa contrainte[1].


Si le compositeur a du génie, il lui arrivera à tout instant d’échapper au lit de Procuste du genre pour se livrer à l’inspiration dionysiaque et écrire des pages de véritable musique. En ce cas il vaut mieux que le drame ait peu d’intérêt et de mouvement en lui-même, et que « le librettiste n’ait fait que mettre à la disposition du musicien les types dramatiques usuels esquissés avec la roideur immuable des figures égyptiennes ». Abandon à l’émotion musicale et intérêt actif pris au drame formant deux

  1. T. IX, p. 228.