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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE

Pour le jugement d’un spectateur tel que Wagner j’abandonnerais volontiers toutes les couronnes que le présent peut distribuer ; le désir de le satisfaire m’excite et m’exalte plus qu’aucune puissance au monde.


On conçoit très bien que Nietzsche, au moment où il était donné enfin à Wagner de produire son œuvre devant l’Europe dans les bonnes conditions de présentation et d’exécution qui lui avaient cruellement fait défaut jusque-là, se soit senti le devoir de se remettre dans l’état d’esprit enthousiaste qu’il avait traversé. Mais sa pensée avait été si loin dans le sens contraire, sa secrète critique avait si radicalement flétri l’objet de sa piété qu’on se demande comment il y a pu réussir. Quand on compare les notes de 1874 au ton de certaines pages de Richard Wagner à Bayreuth, cette véhémence dans la palinodie déconcerte. On se dit qu’il y a quelque énigme.

Cette énigme, Nietzsche lui-même en proposait douze ans plus tard une solution assez brutale ;