Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


ble[1]. — On ne doit pas être injuste et ne pas exiger d’un artiste la pureté et le désintéressement qu’on trouve chez un Luther par exemple. Cependant il y a chez Bach et Beethoven le rayonnement d’une nature plus pure[2].


Le sens de ces remarques, c’est que Wagner a passé dans le royaume de l’art comme un Napoléon qui édifie sa gloire et son œuvre éblouissante en ruinant la postérité. Il a surmené, mis hors d’usage les moyens d’expression de l’art et accoutumé aux excès la sensibilité musicale de l’auditeur. Les Bach, les Beethoven se sentaient les usufruitiers d’une tradition qu’ils mettaient leur honneur à laisser après eux plus riche et plus pure.

La caractéristique morale que Nietzsche donne ici de Wagner s’applique dans sa pensée à l’artiste. Le danger qu’il ne bouleversât l’art venait du manque d’ordre et de noblesse de sa nature géniale.

Dans cette nature, Nietzsche reconnaissait

  1. T. X, p. 441.
  2. Ibid., p. 433.