nous a proposée lui-même et qui a déja été
repoussée en partie : dans ses cahiers, Wagner
est mis pour Wagner et dans son écrit public
Wagner est mis pour Nietzsche. Le restaurateur
de la culture européenne dont il est question ici,
c’est lui, c’est Zarathustra. Malheureusement la
psychologie la plus élémentaire nous interdit de
penser que cette substitution ait été une ruse
consciente. C’est instinctivement que Nietzsche
se cherche lui-même dans le héros qu’il semble
célébrer. Or, il n’y a pas d’état de l’esprit ni de
l’âme plus trouble, plus mal assis que celui où
l’écrivain est asservi à sa propre personnalité au
point d’être impuissant à traiter d’autre chose
que d’elle, quel que soit l’objet apparent de sa
dissertation. Cet objet ne laissant pas de s’imposer
jusqu’à un certain point, les traits se mêlent,
la pensée se meut dans un domaine incertain
qui n’est ni le moi ni le non-moi. De là le
caractère d’ambiguïté de Richard Wagner pris
dans son ensemble.
La part faite et largement faite à cette ambi-