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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/57

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


sion que nous recevions d’une musique instrumentale expressive, c’est celle d’une aspiration, d’une poursuite passionnée et sans terme ? C’est que la musique est l’écho immédiat du Devenir, qu’en elle nous percevons directement l’insatiable désir qui travaille au cœur du Monde[1].


2. — C’est une expérience diversement familière à tout auditeur sensible de musique, que l’émotion née de la musique évoque spontanément dans l’imagination un monde de représentations visuelles, ou captivantes par elles-mêmes ou pathétiques par leur signification morale. La variété de ces images d’auditeur à auditeur contenue assurément en certaines limites par la nature du thème musical, n’en est pas moins fort grande.


La musique n’exprime pas telle ou telle joie particulière et définie, tel ou tel état de tristesse, de douleur, d’horreur, d’ivresse, de gaîté ou de sérénité,

  1. Cet argument n’est pas exprimé aussi formellement par Schopenhauer. On peut, croyons-nous, le lire dans son texte. Mais il est si certainement enveloppé dans sa théorie qu’il est légitime de le dégager, dans l’intérêt de la discussion.