l’humanité, naturaliste, au sens le plus profond
du mot. L’observation des destinées humaines,
quand elle s’exerce sur un enchaînement assez
étendu de causes et d’effets, aboutit à une vue
pessimiste, confirmation expérimentale du postulat
philosophique et religieux de l’esprit grec.
Que Sophocle ordonne ses drames avec une perfection
qui enchante l’imagination et les sens,
cette passion de créer de la beauté peut elle-même
être rapportée au pessimisme, en ce sens
qu’elle serait sans raison d’être dans une âme
satisfaite du réel. Mais loin d’exclure l’observation
du réel, elle l’implique, puisque, si le beau
est autre chose que le vrai, du moins comprend-il
le vrai ; et le plaisir que le vrai donne à l’esprit
est l’un des plaisirs dont il se compose.
C’est en ce point qu’il devient très difficile de suivre Nietzsche. Il veut que le drame d’Eschyle et de Sophocle, affabulation, action, passions, caractères, n’emprunte pas ses éléments à l’observation de la vie, approfondie par la méditation de l’intelligence, mais qu’il ne soit que la