Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient campés, et nous fumes cantonnés dans un petit village sur le bord de la Mozelle, et n’eûmes d’autres désagrémens que l’ennui, et vers la fin, de manquer de provision. Un soir nous entendîmes quelques coups de canon, le lendemain nous apprimes que Longwi s’était rendu, et reçumes ordre d’aller en avant ; nous arrivames bientôt sur la frontière, et lorsque nous passames le ruisseau qui sépare l’Allemagne de la France, nous poussames de cris de Vive le Roy, et jurâmes de jamais ne repasser ce ruisseau fatal ; — et voila comme il ne faut jurer de rien.

Nous passames cette nuit au bivouac sur terre de France, près d’un village a deux lieues de Rodemach, dont les habitants avaient mis des cocardes de papier blancs a leur chapeaux, et un drap au clocher, a fin de nous recevoir convenablement ; le lendemain nous fumes nous poster derrière l’infanterie qui formait le blocus de Thionville. Nous y fumes campés et logés quatre par tente, assez mal a notre aise, nos cheveaux devant nous, et mouillés. — Il semblait qu’un nouveau déluge allait couvrir la terre. Comme la cavalerie dans un siege n’a rien a faire, j’occu-