Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/37

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redoutable forêt d’Argonne, ou les patriotes avaient coupés les arbres et en avaient couvert le chemin pour près de trois milles, ce que les chasseurs Prussiens eurent beaucoup de peine a nettoyer. Nous ne nous arrêtames qu’a minuit près Ste Marie, un village en Champagne, ou l’on nous fit passer la nuit au bivouac, sans donner a nos chevaux plus de trois livres de foin, et a nous même que quelques onces de pain au matin ; mais a dire vrai, chacun s’était pourvu, et avait quelques provisions dans sa poche.

Les princes eux mêmes passerent la nuit a la belle étoile, et on reçut ordre de faire autant de feux que possible. Nous en appercevions distinctement d’autres a quelques distances, et ne savions trop s’ils étaient amis, ou ennemis. Le lendemain, et surlendemain, on nous fit faire des marches et contremarches sans fin ; celles du premier jour n’eurent rien de remarquable, mais au second on fit avancer toute la cavalerie des émigrés, dans le plus grand ordre, sur deux colonnes, et on nous plaça couvert par un petit coteau, dans une immense plaine, dont la vue ne pouvait pas découvrir la fin. Tout semblait