Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/48

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barbarie incroyable. Lorsque le chariot qui les portait se trouvait trop plein, ou qu’il fallait faire place a de nouveaux venus, sans beaucoup de cérémonie on choisissait les plus malades, et après les avoir mis tous nuds, crainte que leur dépouille ne tombât entre les mains des ennemis, on les laissait sur le chemin. Et quoique les habitans en ayent sauvés quelques uns, le seul bon office qu’ils fussent communément capable de leur rendre, c’était de les entêrrer.

On nous laissa trois ou quatres jours dans l’Argonne, une riche vallée, et qui paraissait encore beaucoup plus belle a la sortie des plaines de la Champagne Pouilleuse. A dire le vrai, nous avions besoin de repos, et sçumes l’apprécier. Il-y-avait dans les environs quelque troupe de paysans, ou de patriotes armés dans l’espoir de pillage, elles nous donnèrent une alerte, mais cela n’en valait pas la peine. Le paysans du village ou nous étions, savaient tout aussi peu que nous le chemin que nous allions prendre ; car quoique nous eussions marché trois jours, nous étions presque tout aussi près de Rheims qu’a notre départ, et comme leur curé constitutionel s’etait sauvé au commence-