Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/107

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en Angleterre qu’en France, quoiqu’il semble un peu froid, après les vins d’Espagne et de Portugal, dont on fait d’assez copieuses libations.

Après avoir fait cette belle réflexion, je quittai la ville de Newcastle, et traversant un assez bon pays, j’arrivai le lendemain à Alnwick. Quoiqu’un peu fatigué, je ne pus m’empêcher de rendre une visite au château du duc de Northumberland. C’est une immense et gothique structure, qui a dû être de défense avant l’invention du canon. Il y a des soldats de pierre au sommet de la muraille, qui lancent des flèches, donnent des coups de lance, et jettent des cailloux et de l’huile bouillante aux assaillans. Comme j’étais en paix, je m’approchai tranquillement, et fis tout le tour sans accident ; mais par malheur ma curiosité me poussa vers une grande porte ouverte : en m’en retournant, deux énormes sentinelles fondirent tout-à-coup vers moi en aboyant. Heureusement que j’étais juste au milieu, et que leurs chaînes laissaient entre eux, l’espace d’environ un pied et demi que j’occupais ; la position était délicate, je n’osais faire un mouvement, crainte que la dent de l’ennemi ne m’atteignît. Un vaisseau Russe entre les Dardanelles ne serait pas plus embarrassé que je l’étais. Enfin prenant mon parti, et pensant qu’il valait mieux en combattre un, que de passer devant les deux, qui pouvaient chacun attraper une fesse ; — je courus courageusement,