Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/108

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mon bâton à la main, sur celui qui paraissait le moins enragé. — Ma contenance et mon geste lui firent peur, il lâcha pied un instant, et j’en profitai pour m’échapper.

Avant de prendre mon logement, je me promenai encore quelque temps dans les bosquets charmans qui entourent la petite ville : lorsque tout-à-coup, au milieu d’une allée, ma vue fut frappée d’une inscription, qui m’apprit qu’un roi d’Écosse, à la tête d’une armée considérable assiégeant le château, fut fait prisonnier dans cet endroit, par un faible parti de la garnison[1]. Je fus quelque temps embarrassé avant de savoir bien au juste ce que je devais dire à cela ; en rire, ou en pleurer ; enfin pourtant je ne fis ni l’un ni l’autre. N’est-il pas surprenant comme les plus grands événemens deviennent indifférens après quelques années : Ah ! pourquoi les hommes n’ont-ils pas les mêmes yeux que la postérité ; combien ce qui les plonge dans le désespoir et les rend misérables, leur paraîtrait petit et méprisable !

Je n’eus pas été deux minutes à l’auberge, que l’hôte m’apprit, que le lendemain il devait y avoir, entre autres réjouissances un combat de coqs, et une course de chevaux. Sur quoi, — je

  1. Macduff roi d’Écosse fut tué par le gouverneur, qui lui présenta les clefs du château au bout d’une pique, et la lui passa au travers du corps ; Malcolm fut fait prisonnier, c’est de lui dont l’inscription parle.