Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/18

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La jalousie des Hollandais ne leur avait pas permis de faire une grande route de Liège à Maestricht. Ce n’est guères que par la rivière que l’on pouvait y arriver : du côté de l’Allemagne, il y avait un chemin assez bon ; celui qui passe au-dessus de la caverne est dangereux, par les crevasses fréquentes que les éboulemens y occasionnent.

Ce que Maestricht avait de plus extraordinaire, était sa situation politique : elle dépendait de l’Évêché de Liège pour le spirituel et même pour le temporel. Un prince de Liège ayant emprunté une grande somme d’argent des Hollandais, leur remit cette ville en gage. Depuis ce moment, elle a toujours été garnisonnée par la Hollande, et par les troupes du duc de Brunswick, jusqu’à l’instant où les Français s’en sont emparés en 1795. La justice y était cependant toujours administrée au nom du prince de Liège, dont le portrait et les armes étaient à l’hôtel-de-ville.

Le chagrin de me savoir si près de ces Messieurs, me fit hâter mon départ. Étant d’une province maritime de France et ayant quelques connaissances dans la Grande Bretagne, je me déterminai à y aller chercher un asile et d’attendre chez les rivaux de mon pays, que la raison éclairât enfin les Français : très-résolu, à ne plus être l’instrument aveugle de l’ambition, de l’intérêt et de la folie des puissances en guerre contre eux.