Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/65

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Le gouvernement traita les émigrés français avec beaucoup de bonté ; des secours considérables furent répandus et divisés entre les mains des malheureux prêtres, ou autres personnes âgées qui se trouvaient dans le besoin ; les Anglais seuls, non-seulement leur ont accordé un asile, mais encore ont pourvu à la subsistance des malheureux qu’ils recevaient : les ecclésiastiques ont été reçus au nombre de près de cinq cents dans deux maisons royales, où ils ont été entretenus aux dépens du roi[1].

Avant que le bill des alliens (étrangers) fût passé, les jacobins tenaient le dé, dans toutes les tables d’hôtes : ils déclamaient hautement contre le roi, la noblesse et tous les gouvernemens du monde. Celui de ce pays, ne prenait d’autres précautions publiques contre eux, qu’en mettant la Tour à l’abri d’un coup de main. Cependant, plusieurs personnes m’ont assuré avoir quelquefois vu des peintres déterminés, venir à la table d’hôte et au lieu de manger, s’occuper à dessiner les plus turbulens. Je n’ai jamais vu cela, mais je le tiens de quelqu’un, qui ayant été pris pour un jacobin, eut beaucoup de peine à persuader le peintre, qu’il ne

  1. Je n’entre pas dans les raisons politiques qui ont fait recevoir les émigrés en Angleterre : il en est sans doute beaucoup parmi eux qui ont eu à s’en plaindre, mais ce qui est dans cet article est vrai à la lettre.