Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dessus. Les ouvriers travaillent jour et nuit, et se relèvent les uns les autres.

En descendant du poste élevé où je m’étais placé à Birmingham, je me promis bien que ce serait la dernière fois que j’y monterais, quoique ce ne soit point une manière désagréable de voyager, quand il fait beau ; les Anglais sont si fiers et si méprisans pour tout ce qui n’a pas l’apparence de la fortune, que les humiliations que l’on reçoit à chaque instant, sont vraiment cruelles, et que je regarde qu’il est infiniment préférable d’aller un peu moins vîte et d’être indépendant ; en effet, à quoi bon me presser ? quand je ferais trois cents milles dans un jour, en serais-je moins un étranger en arrivant ?...... de plus j’aurais dépensé de quoi vivre trois semaines, ou un mois, et je n’aurais pas si bien vu le pays, ni si bien connu les usages. Ainsi de ce moment je décidai, que je n’aurais plus d’obligation à d’autres qu’à mes jambes, pour achever ma course.

Shrewsbury est sur la frontière du pays de Galles, et son nom en gallois est Sallop, qui n’est pas joli en français. C’est une ancienne ville, dont les maisons sont mal bâties, mais dont la situation sur la Séverne est vraiment charmante. Le peuple y parle anglais, mais à quelques milles plus loin c’est le gallois. La rivière ne cesse d’être navigable qu’à trente ou quarante milles