Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/87

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sachant que presque tous les Turcs savent l’italien, je m’adressai à lui dans cette langue, et lui fis donner les choses dont il manquait. Des ouvriers qui travaillaient à la bâtisse d’un pont près de là, s’étaient assemblés pour le voir ; ils le regardaient avec surprise, et furent bien autrement étonnés quand ils m’entendirent lui parler dans une langue qui n’était ni anglais, ni gallois. Cependant, après le premier moment, un d’eux me demanda, is not that a Frenchman ?[1]

Mon Turc, avait donné son turban à blanchir, et lorsqu’on le lui rendit le lendemain, on lui demanda, je crois, quinze pences pour le blanchissage. Le pauvre homme se débattait, et jurait en vrai turc, que c’était beaucoup trop cher ; la femme diminua de trois ; mais comme l’autre ne voulait encore donner que la moitié de ce qui restait, et que cela faisait un bruit horrible, je pris la Juive dans un petit coin, la payai du surplus, et lui recommandai de se taire. Je retournai auprès de mon Turc, qui voyant que j’avais fait taire la vieille, me fit mille caresses, et se récria, peut-être avec raison, sur la dureté et l’esprit intéressé des aubergistes et de toute l’espèce qui a à faire au public plus encore dans ce bon pays, que par-tout ailleurs. En nous séparant, le pauvre vieux diable, d’un air vraiment touché et amical, appliqua

  1. N’est-ce pas là un Français ?