Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/105

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D’un autre côté, il m’advint avec le chargé d’affaire républicain, une scène assez originale. Une personne, qui m’avait invité à dîner chez elle à la campagne, m’offrit une place dans une voiture où il en avait déjà accepté une. Quand ce vint le moment de partir et qu’il m’eut aperçu, il fit grand tapage accompagné de réflexions peu charitables sur les émigrés ; je résolus dès-lors de ne point aller dans la voiture, mais passant près de lui, je ne pus m’empêcher de lui dire qu’on pouvait être ennemis sur le champ de bataille, mais dans un pays étranger et neutre, et dans une maison tierce. Il s’emporta, et me dit : » qu’il allait monter sur ses grands chevaux.« » Moi sur un éléphant « lui dis-je, en riant et je fis la route à pied.

Eloigné comme je suis, depuis sept à huit ans de la fureur révolutionnaire, il m’est difficile de concevoir comment elle peut encore exister. Je désire bien sincèrement le bonheur de mon pays ; je sais très-bien, que cela ne peut pas arriver avec un gouvernement anarchique, et je crois fermement que la royauté seule, (sous quelque nom qu’on l’introduise) est capable de fermer les plaies de la France : je la lui souhaite donc. Voilà où se réduit tout mon esprit de parti. Je pense que les Français (de quelques partis qu’ils soient) sont tous malheureux par cette révolution ;