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y arriver il fallait traverser un lac sur le bord duquel la ville est située. La bise était froide et ma curiosité me valut une joue gelée. J’en fus quitte, suivant l’usage, pour me frotter avec de la neige, et cela s’est dissipé trois ou quatre jours après, Le thermomètre de Celsius avait descendu jusqu’à 35 degrés au-dessous de Zéro ; quatre de plus le vif argent aurait gelé[1].

Le capitaine Hykenskiöld voulut bien m’ensager a rester chez lui pendant ces grands froids. Mes affaires, grâces à Dieu, ne me fatiguent guères, j'élais bien traité, la bibliothèque était bien fournie et ainsi de jour en jour je suis resté trois semaines chez lui : c’est ainsi que je fais mes promenades. Eh ! pourquoi me presserais-je ? J'ai tout le temps ; chi va piano va sano, dit l’Italien. Mais ce n’est pas voyager, dira-t-on. Eh ! qui vous dit que je voyage ? mais au fait distinguons. Lorsqu’on a un chez soi et que l’ennui et l’inquiétude, plus que le désir de s’instruire, le font quitter, pour aller visiter des contrées lointaines, cela s’appelle voyager. On parcourt avec vitesse et dans le même esprit, les pays qu’on visite ; on dépense beaucoup d’argent, on va très-vite et l’on s’ennuie beaucoup.

  1. Quatre degrés du thermomètre de Rhéaumur en font cinq de Celsius ; le point de congélation du vif argent est de 39 à quarante chez Celsius et au-dessus de 52 chez Rhéaumur.