Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/151

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vole fût-il. On appelle cela être auteur d’un voyage ou tour pittoresque, ce qui ne laisse pas de donner une certaine considération à un homme dans sa coterie.

Au rebours, quand on a perdu ses pénates et son pays, il faut tâcher de s’arranger de manière, à être chez soi par-tout où l’on se trouve. Quand on est bien, ou même passablement, il est inutile de se presser de partir : on sort enfin pour prendre l’air, on va et on vient encore... chez-soi : c’est ce qu’on appelle se promener.

Comme on reste du temps dans ses différens domiciles, on s’instruit malgré soi de l’état du pays, on vit avec les hommes, on apprend à les connaître, on cherche à se rendre utile, en apprenant aux uns les usages de ceux-ci, et à ceux-là les coutumes des autres. On s’est aperçu que ces récits amusaient et étaient souvent utiles ; on rêve à cela, et lorsqu’on se trouve enfin, encore chez soi, tout seul dans une grande ville (souvent assez délaissé) : pour s’amuser, on broie du noir, on barbouille les promenades qu’on a faites, on dit ce qu’on croit pouvoir être utile : on rit quelquefois avec le public, comme avec un ami : le public au fait. est bon homme, il rit aussi, achète la promenade et cela va le mieux du monde.

C’est ainsi que sans prétention, et sans viser