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les mettre par couches légères dans un baquet ; entre chaque couche, on jette une pincée de farine d’avoine avec le son, et on l’arrose avec un peu d’eau salée. Les vaches s'accoutument aisément à se nourrir de la sorte, et je ne me suis pas aperçu que cela fit le moindre tort au lait. Une dame très-économe, avait imaginé de prendre du crottin de cheval et en le mêlant avec un peu de paille, saupoudré de farine, d’avoine et de sel, les vaches l’avaient mangé. S’il faut en croire les voyageurs, il est certains cantons en Arabie, où l’on dit que les hommes se régalent avec de la bouze de vache. Avec une botte de foin dans ces pays-là, il y aurait de quoi nourrir toute une famille.

Les habitans des campagnes en Suède, ont des préjugés qui semblent très-singuliers. Si un cheval vient à mourir, ils se croiraient souillés de l’écorcher, même de le toucher. Dans les pays plus rapprochés de la Laponie, il y a un Lapon dans chaque paroisse, qui est payé pour faire cette besogne et plusieurs autres qui répugnent aux habitans. Ils croient aussi aux sorciers : entre Yxegôrd et la petite ville de Linde, il y a un gros rocher près du chemin, qui tient si bien tout seul, que je ne crois pas qu’on pût le jeter bas. Cependant les paysans craignent sa chûte, et mettent en passant de petits bâtons pour le sup-