Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/166

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reproche à sa mémoire, le dérangement des finances qui existe à présent, et le vide qu’elle a laissé dans un pays déjà si peu peuplé.

Mais ces malheurs, a qui les Suédois les doivent-ils ? à eux-mêmes, on doit le dire. Si le roi eût trouvé dans son armée, la soumission qu’il devait présumer y rencontrer ; la première campagne eût terminé cette guerre, de la manière la plus utile et la plus glorieuse. Le plan, au dire même des ennemis qu’il attaquait, en était parfait. Combien n’a-t-il pas fallu de talens et de victoires brillantes et coûteuses, non pour réparer, cela n’était pas possible, mais pour empêcher que les conséquences de cette insurrection ne fussent fatales au royaume.

Un assassin a enfin privé l’Europe des secours qu’elle devait se promettre des talens de Gustave. Il avait mieux connu l’esprit de la révolution cruelle de la France, qu’aucun autre prince. Tous les rois de l’Europe ont cru que jamais occasion plus favorable ne se présenterait d’humilier la France, et de saisir les provinces qui étaient à leur convenance. Gustave seul, trop éloigné pour pouvoir être mu par des vues d’intérêt, a vu dans ce colosse alors naissant et faible, la destruction de la société et le retour de l’Europe à la barbarie, après que des flots de sang auraient été versés sur