Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/46

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que par la suite on trouve fort bien imaginée. Après la Sup, tout le monde reste debout, un moment en silence ; ce moment est celui de la prière, à ce qu’on prétend. Fort peu de convives, j’imagine, pensent à autre chose qu’au dîner qui est devant eux, mais c’est égal, c’est toujours un simulacre de religion. Souvent dans les campagnes on fait dire une prière à l’enfant le plus jeune de la famille. Les paysans attachent une très-grande importance à ce moment de silence avant et après le repas, et ils le font durer plus que le repas lui-même.

C’est à Marstrand, que se rassemblent communément les flottes marchandes, qui doivent être escortées. Pendant mon séjour à Gothenbourg, il en sortit deux, une de dix-huit vaisseaux, et l’autre de quarante ; elles furent toutes les deux saisies par les Anglais et emmenées dans leurs ports, quoi qu’elles fussent escortées par des frégates. Il est aisé de se faire une idée de l’animosité que cette violation du droit des gens avait excitée contre les Anglais. Si on eût cru les négocians, la guerre eût été bientôt déclarée, mais le gouvernement plus sage prit le parti de dissimuler. La France, il est vrai, n’était pas beaucoup plus scrupuleuse, mais elle était agitée par des troubles violens et le désordre y était à son comble ; peut-être eût il été digne de la nation Brittannique de ne pas imiter