Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/47

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le cruel exemple que la France, en proie à l’anarchie la plus violente, avait donné.

Dans le temps où la capture de ces flottes, causait le dépit le plus vif et le mieux fondé, il y eut une scène à la comédie qui sans doute eût été sans suite, si le principal personnage n’ût été Anglais. Le capitaine d’un Sloop (petit vaisseau de guerre) étant aux premières loges, (suivant la coutume de plusieurs villes en Angleterre, mais particulièrement de Dublin), avait son chapeau sur la tête. On lui cria : à bas le chapeau. Mais s’imaginant que c’était le caprice de quelques individus, il n’en tint compte : les cris redoublèrent : comme il avait d’abord refusé, il crut devoir soutenir la gageure : on lui jeta des pommes, on l’insulta, il fut enfin obligé de sortir, après avoir donné un défi général et avoir lancé aux spectateurs mille g..d d..n et autres complimens d’usage. Mais comme c’était en anglais, on y fit peu attention[1] ; de petits polissons le suivirent dans la rue, avec des huées : il se rendit au corps de garde l’épée à la main, demanda à parler à l’officier, non pour en avoir protection, mais pour lui faire voir qu’il n’était ni sou, ni fou, et que si on l’insultait, il était

  1. Le mot Raska en Suèdois veut dire brave courageux, intrépide. Le capitaine anglais ne s’imaginait guère ; faire un grand compliment aux gens, en les appelant Rascals.