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sons les plus riches une bouteille est placée près du maître, qui sert lui-même et essuye avec grand soin le verre contre le goulot de la bouteille, absolument comme si c’était de l’or potable.

Si on a le malheur de venir d’Écosse, par exemple, et qu’avec une modération sans exemple dans le pays des Cakes, on ne revienne que quatre ou cinq fois à la charge, on passe à Stockholm pour un biberon. Suivant le degré d’économie du maître, il y a plus ou moins de bouteilles sur la table : quelquefois il n’y en a point du tout, et c’est le domestique qui remplit les verres quand ils sont vides, mais pour être poli, ils ne doivent guères être vidés. On sait que la coutume en Angleterre est tout à fait différente, et qu’on ne doit jamais laisser son verre plein devant soi : fill what you please, but drinck what you fill[1]. Imbu de cet axiome admirable, et craignant d’être accusé d’impolitesse, je sablais mon verre aussitôt que rempli, et probablement en ma qualité d’étranger, le domestique le remplissait toujours : tant qu’à la fin la provision de la compagnie se trouva épuisée.

Il est fort singulier que je n’aye pas lu un livre sur la Suède, où l’auteur ne reprochát plutôt quel-

  1. Remplissez ce qu’il vous plait, mais buvez ce que vous remplissez.