Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/95

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que chose de contraire. C’est ainsi que va le monde. Un l’a dit, l’autre le répète sans examiner si les choses sont changées depuis. Il est vrai, qu’il n’est point du tout contre la sobriété, d’avaler plusieurs grands verres d’eau de vie dans la journée, mais une demi-bouteille de vin, ah fi ! Quelle ivrognerie ! je dois aussi ajouter que les négocians riches, ne se croyant pas obligés d’imiter si scrupuleusement la cour, ont bon nombre de bouteilles autour de la table et que chacun fait comme il lui plaît.

On doit bien sentir que si l’économie va chez le riche jusqu’à la bouteille, elle s’étend également sur les petits objets de l’intérieur. De là vient que les artisans se plaignent avec quelque raison, et que le prix de leurs denrées augmente ; car c’est certainement au manque de circulation que l’on doit l’attribuer. Si le riche accumule, de quoi vivra l’homme qui n’a que son industrie. Les revenus doivent être dépensés, et quand la manie est Cle les accumuler, je regarde que c’est voler le public. On craint, dit-on, les maux d’une révolution.... mais supposé qu’elle arrivât, en quoi en serait-on mieux, d’avoir des tas de papiers dans son coffre- fort ?

Cependant chacun veut paraître et donne souvent des galas ; c’est le ton : on m’a conté qu’un