Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/121

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trouvé la bastille lors de la révolution, prouve évidemment, que ce n’était qu’un épouvantail, et qu’on n’en faisait gueres usage, que comme d’une prison ordinaire, où comme d'un arsenal, ainsi qu’on le fait de la tour de Londres. Je suis loin de nier, qu’on ait souvent abusé des lettres de cachet : mais assurément on ne peut le reprocher, au roy sous lequel la révolution est arrivée, et il est même probable, que s’il en eut fait usage, elle ne serait pas arrivée.

Si en apprenant les désastres du douze et du treise, la cour se fut enfin montrée avec rigueur, et que le roy se fut mis à la tête de son armée, il est probable qu’il fut parvenu à appairer le tumulte, ou au moins aurait eu un parti considérable en sa faveur, qui aurait bientôt anéanti l’autre. Tel était l’avis, du Comte d’Artois, du Prince de Condé, et du Maréchal de Broglio.

Ils avaient mime persuadé au roy, de se rendre à Compiegne, et d’y faire marcher l’armée sur le champ ; le Maréchal de Broglio était tellement convaincu, que ce départ aurait lieu, qu’en se retirant le soir, il avait donné ordre, qu’on l’éveilla et que ses chevaux fussent prêts à quatre heures du matin.

Pendant la nuit, le Duc de Liancourt, se jettant ans genoux du roy, le fit se rétracter en employant tous les argumens ridicules de la philosophie moderne. Le roy sensible et bon, ne croyant pan la cause de la monarchie interessée dans la dispute, n’eut pas de peine à se laisser persuader : toujours rempli du principe d’humanité, qui lui avait fait dire plus d’une fois, qu’il ne consentirait jamais, qu’un seul